Arietta of Spirits

Arietta of Spirits c’est comme un chewing-gum à la fraise bas de gamme. Il a le même goût que tous les autres pendant quelques minutes et après ça plus rien. Ce jeu d’action aventure nous est vendu comme axé sur l’histoire, et heureusement parce que le reste ne vaut pas grand chose…

Ça va être difficile sur un jeu aussi court, mais je vais essayer d’éviter les spoilers…

Genre : Action, Aventure

Durée de vie : 3-4h

Difficulté : Facile

Plateformes : Switch, PC (Steam), Xbox One, PS4

Développé par : Third Spirit Games

Édité par : Third Spirit Games, Red Art Games

Sortie Switch :  20 Août 2021

Histoire

Un an après la mort de sa grand-mère, Arietta retourne avec ses parents dans la maison de vacances familiale: une cabane au bord de la mer sur une île visiblement déserte. C’est en tous cas ce qu’on apprend pendant la cinématique d’introduction, qui n’est rien d’autre que le voyage en voiture de cette petite famille. Ce qui frappe tout de suite, ce sont les pauses entre chaque conversation. C’est perturbant et en même temps tellement naturel! Comme si Arietta et ses parents ne savaient pas de quoi parler pendant ce long trajet, cherchant des sujets pour que personne ne se sente mal à l’aise.

Vous l’aurez compris, la narration est le point fort du jeu. Non pas par les dialogues en tant que tels, dont l’écriture est un peu simpliste, mais par le rythme auquel ils semblent se plier. Je pense entre autres à la discussion de la famille autour de la table, quand l’absence de la grand-mère se fait ressentir. C’est émotionnellement puissant.

On commence donc notre aventure en quête de pommes pour la tarte de maman, mais pas sans l’épée en bois fabriquée par papounet. Elle nous sera bien utile pour écraser les guêpes de la taille d’un poney qui infestent l’île… Suite à ce démarrage absurde, un évènement déclencheur nous fait rencontrer Arco, le seul personnage mal écrit du jeu (non c’est pas vrai c’est pas le seul, mais c’est le plus gênant). Alors certes, vu qu’il s’agit d’un genre de petit fantôme, difficile de le rendre crédible… Mais là on a droit à tout l’attirail du roman de fantasy pour ado. Et que “je t’observe depuis longtemps”, et que “j’ai besoin de toi pour sauver le monde”, et que “l’épée en bois dont tu te sers comme tapette à mouche, en fait, elle est magique”…

Je pense que le souci de la rencontre entre Arietta et Arco, c’est le même que le plus gros défaut du jeu. C’est trop court. Il fallait la développer, la rendre plus crédible, ça aurait par la même occasion augmenté la durée de vie du jeu.
Côté scénario, c’est malheureusement assez inégal. La première moitié est prenante, le thème intéressant, puis ça se délaye un petit peu, on sait plus trop pourquoi on est là à part pour tuer des guêpes à tour de bras. Puis l’histoire revient vers le devant de la scène et on recommence à vouloir aller de l’avant.

Gameplay

Aïe aïe aïe ça manque d’originalité! On est dans du basique de chez basique : se déplacer, attaquer avec son épée, faire une roulade pour esquiver. C’est tout, et à peu de choses près ça reste comme ça jusqu’à la fin du jeu. Bon, vu le temps qu’on passe dessus, c’est suffisant à défaut d’être palpitant.

Mais ça aurait été beaucoup mieux si Arietta n’était pas limitée à 8 directions (Nord, Sud, Est, Ouest + les diagonales), et son épée à seulement 4! Je m’explique: si on veut déplacer notre héroïne vers le Nord-Ouest, son épée sera orientée vers le Nord OU vers l’Ouest, et si l’ennemi qu’on essaye de tataner se trouve sur notre flanc, bin on peut pas le toucher… Le jeu étant facile c’est rarement un problème mais quand on a un gameplay aussi pauvre, je trouve dommage de ne pas le peaufiner un minimum. Et si c’est un “hommage” aux vieux Zelda, c’est juste de mauvais goût.

Côté bestiaire, c’est pas assez fourni. Une dizaine de créatures différentes, parfois avec des variantes, ce serait acceptable si les combats n’étaient pas si omniprésents.

En terme de level design le jeu est extrêmement linéaire, avec quelques secrets disséminés. Aucune énigme, on passe juste d’écran en écran en tapant sur tout ce qui bouge. C’est un peu redondant…

Direction Artistique

Le pixel-art, grossier et générique, n’en reste pas moins mignon et coloré. Il faut dire ce qui est, c’est plutôt agréable à regarder. Mais… c’est tout. Au vu du thème d’Arietta of Spirits, on est en droit de s’attendre à une ambiance bien particulière, et elle n’est clairement pas présente, c’est complètement générique (comment ça je l’ai déjà dit?).

Les décors manquent de variété, on est soit dans la forêt, soit dans une grotte, soit dans une mine qui ressemble à une grotte. La musique est sans saveur, n’évoque pas du tout l’atmosphère qui devrait ressortir d’un jeu parlant de la mort et des esprits. Arietta of Spirits paraît aseptisé, ce qui est en contraste total avec son message inhérent, si tant est qu’il y ait un message. On a le sentiment d’avoir déjà joué à des tonnes de jeux avec des graphismes similaires. Et sinon, je vous ai dit que c’était générique?

Heureusement, les visages lors des dialogues laissent transparaître les émotions des personnages, c’est au moins ça…

Conclusion

Au début Arietta of Spirits peut attiser notre curiosité. L’histoire s’enclenche bien après l’événement perturbateur, le gameplay est efficace pour un début de jeu, les graphismes agréables à regarder. Et puis plus rien. Tout reste tel quel pendant les 3-4h de jeu. On ne fait qu’une seule rencontre sympa, le gameplay reste digne d’un tutoriel et le jeu n’est rien d’autre qu’un couloir sur lequel on a mis un, allez 2 jolis décors.

L’intégralité du jeu aurait mérité d’être retravaillée. La jouabilité, digne d’un jeu des années 90 il faut le dire, manque clairement d’évolution. La direction artistique, elle, manque de diversité et surtout d’originalité. Et l’histoire, qui est pourtant la meilleure facette du jeu, est inégale, trop courte et, je pense, bâclée.

Bref, je ne conseille ce jeu à personne, et encore moins à ce prix là.