Lost in Random - Titre

Sous ses allures de conte effrayant pour enfant, Lost in Random nous propose une œuvre métaphorique profonde et immersive. Mais comme ce n’est pas suffisant pour faire un bon jeu, voyons si le reste suit.

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Genre : Action, Aventure

Durée de vie : 15-20h

Difficulté : Plutôt facile

Plateformes : Switch, PC (Steam), Xbox One, PS4

Développé par : Zoink, Thunderful

Édité par : Electronic Arts

Sortie Switch :  10 Septembre 2021

Histoire

Dans le pays d’Aléa, chaque enfant lance le Dé Unique de la Reine, le jour de ses 12 ans. Le résultat déterminera dans laquelle des 6 villes il finira le reste de sa vie. Nous incarnons Paire, une Unarde, dont la sœur est partie pour la prestigieuse ville de Sixtopie il y a un an. Elle se réveille un matin avec la sensation que sa sœur est en danger et se met en tête de partir à sa recherche, fronde en main. En quittant Unibourg, sa ville natale, elle se perd dans la Vallée des Milles Dés, et c’est en errant, indécise, qu’elle rencontre Décisse, un dé six. 

Lost in Random - théière

Lost in Random nous sert ici l’un des lores les plus travaillés et les plus aboutis qu’il m’ait été donné de voir. Le pays d’Aléa est à la fois complètement farfelu et très crédible, avec des références aux dés et aux cartes nombreuses mais jamais lourdingues. Chacune des 6 villes a sa propre histoire, son propre thème. Comme Doubleville, avec ses habitants qui possèdent tous 2 personnalités et en changent à chaque jet du Dé Unique.

Le scénario est une véritable épopée qui nous permettra de parcourir la quasi intégralité du monde, pour notre plus grand plaisir. Le thème principal du jeu, à savoir restaurer le hasard dans la vie des gens au détriment de l’ordre (en tous cas dans les grandes lignes), m’a profondément touché. Même les thématiques secondaires, propres à chaque ville, sont intéressantes et profondes.

Les dialogues, délicieusement doublés (en anglais), appuient le côté loufoque de cet univers complètement barré. Le caractère bien trempé de Paire nous offre une héroïne attachante qui n’a d’ailleurs rien d’une gamine. Et le narrateur vient ajouter une bonne dose d’humour en cassant parfois le 4ème mur et en nous régalant de sa voix unique.

Direction Artistique

Tim Burton. Voilà maintenant que c’est posé là, on peut rentrer dans les détails.

Le grand bleu

L’ambiance de Lost in Random est envoûtante et mélancolique. On se sent vraiment aspiré dans ce monde magique, avec ses personnages à la fois effrayants et attachants. Au-delà du visuel, largement inspiré par le réalisateur cité plus haut, l’imagination des gars qui ont pondu les décors ne peut que susciter l’admiration.

C’est néanmoins le cas pour la première moitié du jeu. On se rend vite compte que les modèles de PNJ, d’ennemis et même les bâtiments sont réutilisés à outrance. Je crois bien avoir vu tous les modèles de personnages différents lors de la visite de la première ville… Et il y a assez de tuyaux dans ce jeu pour filer une crise cardiaque à Mario! Autre point redondant, c’est bleu, mais qu’est-ce que c’est bleu! J’avais l’espoir que chaque ville aurait son atmosphère mais ce n’est pas le cas. On parcourt le jeu dans cette espèce de nuit indigo perpétuelle et ça devient très rapidement lassant… 

Lost in Random - port
Oui, ceci est un es-cargo

C’est ici aussi que la version Switch du jeu fait un gros sacrifice. Attendez-vous à des graphismes au rabais et une distance de vue pitoyable.

L’OST in Random

La bande son est aussi oubliable qu’elle est parfaitement dans le thème. Elle contribue clairement à notre immersion, à tel point qu’on ne l’entend plus. Elle fait partie intégrante de l’expérience de jeu. Les effets sonores sont d’une qualité rare pour un jeu indépendant. Mais ce qui vient nous prendre aux tripes, ce sont les voix, et notamment celle du narrateur qui vient nous caresser les tympans dans le sens de la trompe d’Eustache.

Gameplay

Lost in Random - Troyaume
Bin c’est pas tout le temps bleu finalement!

L’originalité de Lost in Random vient de son système de combat, et il faut avouer que c’est réussi. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les cartes sont plus importantes que Décisse. En dehors des affrontements, on aura la possibilité d’ajouter ou retirer des cartes de son deck, pour le rendre soit plus agressif, soit plus défensif. 

Dédé et Descartes

Les combats se déroulent en 3 phases rapides qui se répètent : la collecte de ressources, la réflexion, puis la tatane.

Pour collecter la dénergie, qui permet de piocher des cartes de son deck, il faut casser les cristaux qui poussent sur les ennemis à l’aide de la fronde. Les cristaux étant minuscules, on ressent clairement le manque de gyro-control. Cette phase est sans doute la plus répétitive, et même si certaines cartes visent à la simplifier, ce n’est pas suffisant pour empêcher cette lassitude qui pointe le bout de son nez après plusieurs combats.

La phase de réflexion consiste à lancer Décisse pour obtenir autant de “mana” que son résultat, ce qui met le jeu en pause. On peut ensuite dépenser ce “mana” pour jouer les cartes qu’on a en main pour invoquer une arme, faire des dégâts, se soigner, ou autre.

Et durant la troisième phase, on utilise nos cartes jusqu’à épuisement avant de repartir casser du cristal.

La boucle de gameplay fonctionne plutôt bien et les premiers combats sont un vrai régal. Par contre on se rend vite compte qu’on va tourner en rond, et ça, c’est à cause des cartes, ou plutôt de leur manque d’originalité ou de diversité. J’ai conservé le même deck, du milieu de partie jusqu’à la fin. Trouver des cartes de plus en plus puissantes aurait réglé ce souci, même au sacrifice de la liberté qu’on a dans la création du deck. Décisse ne peut faire que 1 ou 2 en début de partie, puis les autres faces sont débloquées au fur et à mesure. Pourquoi ne pas faire de cartes surpuissantes qui coûtent 5 voir 6? Pouvoir trouver lors de nos pérégrinations des cartes aux effets uniques aurait aussi été un plus, et ça va nous mener à la seconde partie du gameplay…

La dé-ambulation 

Lost in Random - ruelles
Merci pour les indications…

Entre chaque combat, on parcourt la ville en quête d’objets, pour les donner à des personnages qui nous donnent d’autres objets que l’on donne à d’autres personnages. Oui c’est très répétitif, et si au début l’émerveillement de la direction artistique suffit à nous pousser à faire toutes les missions annexes, la redondance de la tâche va vite nous rebuter. Les récompenses, à savoir des cartes ou des sous pour… acheter ces mêmes cartes, ne sont pas suffisantes pour justifier nos efforts. C’est à cet endroit que j’aurais aimé pouvoir obtenir des cartes plus originales voir tout bêtement plus puissantes pour varier les plaisirs pendant les combats. Au final les seuls objets uniques qu’on découvrira seront les pages du conte qui nous raconte le lore qu’on avait déjà bien compris au gré de nos errances.

Conclusion

Lost in Random est une véritable pépite durant sa première moitié. Il est beau, original, agréable à prendre en main et un véritable régal à vivre. J’en étais même à penser qu’il allait devenir mon jeu préféré de l’année. Malheureusement, arrivé à mi-parcours, on a fait le tour d’une bonne partie de ce qu’il a à nous proposer. Le gameplay n’évolue plus, on a compris les rouages de son univers, et la couleur bleue commence à nous créer des réactions allergiques. 

Malgré tout j’ai vraiment apprécié mon voyage féérique en Aléa. J’ai juste regretté que l’imagination des développeurs ne soit pas assez débordante. Et de toutes façons, le lore à lui seul vaut la peine de jouer à Lost in Random.

2 thoughts on “Lost in Random

  1. Je vais p’tet bien me mettre au jeux vidéos !
    Complètement néophyte, vos dé-scriptifs alléchants et bien écrits donnent vraiment envie !

    1. Merci pour le commentaire, ça fait plaisir à lire!
      Les jeux vidéos sont capables de nous raconter des histoires comme aucun autre média. Pas forcément mieux, mais d’une manière unique. Lost in Random est un excellent exemple dans lequel la Direction Artistique et le Gameplay sont eux aussi mis au service de l’Histoire.
      En tous cas il n’est jamais trop tard pour s’essayer aux jeux vidéo et je ne peux que conseiller de le faire!

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