Salt and Sacrifice porte bien son nom. Il sacrifie une licence qui aurait pu figurer au panthéon des metroidvania, et me pousse à écrire les quelques lignes bien salées qui suivent.

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Genre : Metroidvania, Souls-like

Durée de vie : 18h

Difficulté : Très difficile

Plateformes : PS5, PC (Epic Game Store)

Développé par : Ska StudiosDevoured Studios

Édité par : Ska Studios

Sortie :  10/05/2022

Gameplay

Je ne vais pas vous mentir, j’ai adoré le premier opus. C’est donc tout pinpant et plein de ferveur que j’ai lancé Salt and Sacrifice le jour même de sa sortie. Au début j’étais plutôt satisfait de voir qu’en terme de maniabilité, c’était assez proche du précédent épisode. Pour ceux qui ont joué aux Souls, ils ne seront pas dépaysés. Jauge d’endurance, moveset spécifique pour chaque arme, roulade pour esquiver, tout y est.

Mais mes premiers grincements de dents sont apparus quand j’ai vu qu’ils n’avaient pas corrigé certains défauts au passage. Par exemple l’absence de carte. Je comprends l’envie de coller aux Souls, mais la condition pour pouvoir se passer de carte, c’est d’être un génie du level-design, ce que Ska Studios n’est pas. Et je reste persuadé que dans un jeu en 2D, je ne peux pas faire appel à mon sens de l’orientation, comme ça peut être le cas dans un jeu en 3D.

Régression

Mais conserver quelques mauvaises idées, c’est pas si grave. Ce qui l’est plus, c’est d’en ajouter de nouvelles. Le jeu est divisé en 5 zones totalement dissociées, auxquelles on accède via un « hub ». Ça casse complètement l’immersion, qui est pourtant censée être un point fort des metroidvania. Autre idée à la noix, plutôt que les fioles en nombre limité, rechargeables à chaque checkpoint (les fameuses fioles d’Estus de Dark Souls), je n’ai eu pour seule option de soin que des plantes, récoltables et qu’il faut donc farmer.

C’est un peu comme si FromSoftware avait fait Demon’s Souls après Dark Souls. Là où les développeurs de la légendaire série ont amélioré leurs mécaniques à (presque) chaque nouvel opus, ceux de Ska Studio m’ont propulsé bien des années en arrière, avec des choix de design dépassés depuis 10 ans.

La chasse au mago

Alors là, il faut le reconnaitre, Salt and Sacrifice m’a gratifié d’un concept que je n’avais pas vu venir. En plus de l’aventure, j’ai pu participer à la traque des Mages. Sur le papier ça paraissait cool, un peu comme des miniboss optionnels disséminés dans les recoins des différents niveaux. Mais j’ai vite déchanté quand j’ai vu que ce n’était absolument pas optionnel, et qu’en plus il me fallait courir après ces mages à travers les zones que j’avais déjà visité, pour que tout ça se finisse en mauvais combat de boss. Quand je dis mauvais, je veux parler du fait que ces Mages se ressemblent tous, que ce soit au niveau du design ou des patterns d’attaque.
Je me suis donc retrouvé constamment interrompu dans mon exploration, revenant sur mes pas pour occire du sorcier, trucider du magicien, poutrer du mago.

Des kilos de sel

C’est rare qu’un jeu m’effraie par sa difficulté, mais là j’ai été totalement démoralisé. En soit, les combats sont lisibles, j’ai rapidement assimilé les différentes attaques des ennemis. Mais trouver une fenêtre pour porter un coup entre les rafales de baffes que les adversaires m’assénaient était très compliqué.
Et pour couronner le tout, les one shot sont monnaie courante. Le fait d’être sonné après avoir pris un coup empêche d’esquiver les suivants, menant la plupart du temps à une mort inévitable.

Pour empêcher ce genre de désagréments, j’avais visiblement la possibilité de crafter des équipements spécifiques pour me protéger contre le feu, la glace ou tout autre élément. Le problème c’est que pour ça, il fallait que je me farcisse plusieurs fois les mêmes Mages afin d’obtenir les composants. Non merci!

La rédemption

Il m’a fallut atteindre le dernier niveau pour que mon aventure reprenne du sens. Non que ce soit moins difficile, au contraire, mais je n’ai eu à y affronter qu’un seul Mage! L’espace des 3 heures de temps que j’ai passé là-bas, je me suis dit : « Enfin! Là ils ont compris comment m’accrocher! » Mais est-ce que ça valait la peine de se taper les 15 premières heures? NON!

Direction Artistique

Salt and Sacrifice est plus joli que son prédécesseur, il faut dire que ce n’était pas difficile. Dans l’ensemble, les décors sont agréables à regarder. J’ai beau apprécier l’aspect crayonné des modèles, le tout manque de saveur, le jeu n’a pas d’identité propre. Chaque niveau a sa thématique, tout droit tirée des stéréotypes habituels : La forêt, le désert, la montagne enneigée, etc… Les Mages s’enchainenent et se ressemblent. Seul le dernier niveau vient, encore une fois, sauver les meubles, ou ce qu’il en reste. Et que dire des animations… Digne successeur de Salt and Sanctuary, le rendu « pantin articulé » ne parvient toujours pas à me convaincre.

Côté musique ça va un peu mieux, c’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai touché du doigt les bribes d’atmosphère dans lesquelles le jeu tentait désespérément de me plonger. Toujours est-il que chaque affrontement contre les Mages était ponctué par le même, unique morceau, ajoutant à la redondance de ces combats.

Histoire

Le scénario de Salt and Sacrifice démarre plutôt bien. Puni pour un crime qu’il a commis, mon personnage a été exilé sur cette terre corrompue par les Mages et leurs sortilèges impies. Nommé malgré lui Inquisiteur, il doit expier sa faute en traquant les responsables de la malédiction qui pèse sur ces lieux.

Avec cette accroche pleine de promesses, je voyais déjà se dessiner une histoire alambiquée, dans laquelle mon personnage pourrait choisir son camp entre une inquisition qui pense devoir contenir un mal, et ces Mages qui ont perdu la tête mais ne tuent que parce qu’ils y sont obligés. Mais rien, on avance juste de niveau en niveau, en se décalant petit à petit du propos de base mais sans jamais l’étayer.

Pour finir, on se retrouve avec le même choix que dans Demon’s Souls: se sacrifier pour faire perdurer le cycle, donc juste repousser l’inévitable, ou devenir le nouveau Mal. J’adore quand un jeu s’adonne au jeu des références, mais on est ici bien trop près de l’œuvre originale pour que ce soit intéressant.

Conclusion

Salt and Sacrifice fut une sacrée déception. Encore aujourd’hui alors que j’y pense à tête reposée, je me demande comment Ska Studio a fait pour transformer l’or qu’ils avaient dans les mains en un jeu aussi peu attrayant.

J’essaye de lui trouver des qualités mais tout ce qui me vient à l’esprit c’est la maniabilité soulsesque plutôt bien réussie. Cependant, c’était déjà le cas du précédent opus.

Bref, passez votre chemin, et allez plutôt vous prendre des raclées sur Salt and Sanctuary, elles sont plus savoureuses.

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