RUN: the world in-between

Sorti uniquement sur PC et Switch, ce petit jeu français m’a évoqué Céleste (encore lui…) au premier coup d’oeil. Il faut avouer que les animations de RUN semblent fortement inspirées de ce dernier. Mais la proposition de la Team Run est bien différente et peut même sembler expérimentale. Et son OST vaut le détour!

J’étire mes poignets courbaturés, je fais craquer mes doigts endoloris, et je vous en parle plus en détail…

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Genre : Platformer Hardcore, Die&Retry

Durée de vie : 4h+

Difficulté : Très difficile

Plateformes : Switch, PC (Steam)

Développé par : Team Run

Édité par : Team Run, Plug In Digital

Sortie Switch :  14/04/2022

Gameplay

Après un tuto très rapide pour me présenter les… 2 actions possibles, j’ai été jeté dans le grand bain. La précision et la réactivité du personnage m’ont immédiatement séduit. C’est rare d’atteindre un tel niveau de qualité qui est généralement l’apanage des cadors du genre. Et c’est d’autant plus appréciable que la difficulté croissante du jeu exploite grandement cet atout.

Du random dans mes plateformes

Mais RUN ne se limite pas à sa maniabilité, il a aussi un concept aussi simple que malin à faire découvrir. Poursuivi par ce qui semble être la matérialisation des regrets du protagoniste, il faut passer par 4 écrans avant d’atteindre le bout du niveau. Ces 4 écrans sont tirés au hasard parmi une petite dizaine possibles, ce qui signifie que chaque essai est différent. Une fois le niveau réussi, les 2 écrans les plus faciles deviennent inaccessibles, et 2 nouveaux, plus difficiles, viennent se joindre à la farandole.

Le jeu évolue ainsi du début à la fin, jusqu’à avoir réussi environ 70 fois. Tous les 10 niveaux, les nouveaux écrans changent de thème, que ce soit par le défi qu’ils proposent ou leur ambiance.

Pour le reste, je me suis senti comme à la maison : aller de gauche à droite, avec rien d’autre à disposition qu’un bouton pour sauter et un autre pour se propulser, mais avec la myriade de possibilités que cette apparente simplicité permet.

Die and re-die

run the world in-between - GIF

Au cours de ma partie, j’ai tour à tour adoré puis détesté, pour enfin apprécier le caractère aléatoire de RUN. Tant que les tableaux étaient relativement faciles, j’ai enchaîné les niveaux aussi vite que l’excellente musique. J’ai vu défiler ainsi de nouvelles dispositions de plateformes régulièrement, m’empêchant toute lassitude.

Puis vient le moment où ça se complique. Et tout devient très répétitif. Trop pour que ce soit agréable d’un point de vue progression, et en même temps pas assez pour me permettre de m’améliorer sur chaque écran individuellement.

Mais cet état ne dure heureusement que très peu de temps, car c’est rapidement qu’arrivent les tableaux « impossibles ». Vous savez, ces passages qui, d’un premier coup d’oeil, nous paraissent insurmontables, sans aucun chemin praticable visible. Le mot puzzle platformer prend ici tout son sens car ce véritable mur à la progression est aussi un délicieux mélange de réflexion, d’action et de frustration. Je cherchais comment réussir à passer les nouveaux écrans, j’entraînait ma mémoire musculaire sur ceux pour lesquels j’avais trouvé la solution, et je mourrais beaucoup, beaucoup dans le processus. À ce stade, chaque victoire m’a semblée arrachée, avec l’exultation intense que cela procure.

Et c’est pas fini!

C’est avec 4h de temps de jeu et près de 1300 morts que j’ai atteint le bout du tunnel, pour une conclusion plutôt abrupte et pleine de sous-entendus pour lesquels il m’a sans doute manqué quelques clés de compréhension. Mais j’ai été ravi de voir que RUN me proposait de nouveaux modes de jeu : le parcours infini, le « speedrun » ou tout simplement le mode difficile, sur lequel j’irai certainement me casser quelques dents.

Direction Artistique (mais surtout Musique)

La musique de RUN, écrite par Thomas Barrandon, est de loin ce qui m’a le plus marqué. Non que le gameplay soit en reste, mais l’OST atteint ici une telle qualité, que je sais que je l’écouterai encore régulièrement dans quelques années. Elle est d’ailleurs disponible sur la plupart des plateformes d’écoute. Mais le plus fort dans tout ça, c’est que les morceaux collent parfaitement avec l’ambiance du jeu et à ce qu’il veut que je ressente. Ce mélange d’électro et de chiptune habilement mixé a conféré une aura mélancolique à mes parties, tout en me poussant à courir toujours plus loin grâce à ses rythmiques rapides et régulières, presque lancinantes. Les sonorités 8-bits alliées au gameplay nerveux, n’ont pas manqué de me rappeler mes lointaines sessions de jeu sur Mega Drive.

run the world in-between - dark

Le choix intelligent de laisser la musique continuer lorsque le personnage meurt a renforcé mon envie de continuer à jouer, me prouvant que mourir et recommencer faisait partie de l’expérience que j’étais censé vivre.

Visuellement, cependant, j’ai regretté une certaine redondance dans les décors. Le jeu est plutôt agréable à regarder dans l’ensemble et les animations très bien réalisées, mais malheureusement, je me suis vite rendu compte que les paysages se ressemblaient énormément, même si la palette de couleurs évoluait au fil de ma partie.

Mais porté par la musique et l’ambiance unique qu’elle impose, ces quelques défauts ont vite été éclipsés.

Pas besoin de scénar quand t’as de l’aléatoire

Malgré une ambiance réussie et un gameplay aux petits oignons, il fallait bien une ombre au tableau, et ici c’est l’absence totale de scénario. C’est rarement nécessaire dans ce genre de jeu, mais là il manque quelque chose de fondamental : un but.

RUN m’a paru mystérieux, ne me fournissant des éléments d’histoire que sous la forme de souvenirs. Ces soi-disant indices, que j’ai glané au gré de mes réussites, n’étaient finalement rien d’autre que des décors en arrière plan, dont j’ai très peu profité, trop concentré sur les plateformes et les piques à éviter. J’ai été bien incapable de comprendre où le jeu voulait m’emmener au delà de sa scène d’introduction. Bien qu’ayant compris où j’étais et que je devais fuir, je n’ai trouvé aucune information sur le plus important : pourquoi?

run the world in-between

J’ai eu l’occasion de croiser de temps en temps un barbu à la fin du niveau. Il ne m’a malheureusement pas appris grand chose à part qu’il essayait, comme moi, de s’échapper. Pire, il se décourageait au fur et à mesure que j’avançais. J’ai récemment fait l’apologie de la façon dont Lumione, un autre hardcore platformer, m’avait encouragé et poussé à aller de l’avant. Ici, c’était l’inverse. Le jeu devenant de plus en plus difficile, rien ne m’a réellement donné envie de surpasser ces obstacles si ce n’est ma propre opiniâtreté.

C’est dommage parce qu’un monde entier a l’air d’avoir été inventé pour l’occasion et j’ai réellement eu l’impression de ne pas pouvoir en profiter.

Conclusion

RUN: the world in-between apporte un concept innovant dans le domaine du hardcore platformer. En globalité, j’ai apprécié cette proposition, avec tout de même quelques bas parmi les hauts. Le gameplay d’une précision exemplaire, l’OST absolument remarquable et l’ambiance qui s’en dégage m’ont fait passé un agréable moment.

Mais si ces qualités ont suffit à me faire apprécier l’aventure, ce ne sera certainement pas le cas pour tout le monde. L’absence totale de but est un réel problème et peut en décourager plus d’un, tant le jeu devient difficile à la fin.

RUN est un jeu pour les gens qui aiment se faire mal, par des gens qui aiment faire mal.

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