Silt
Directement inspiré du travail du studio PlayDead (Limbo, Inside), Silt promet une aventure sombre, épurée et profonde. Cette courte épopée sous-marine est-elle à la hauteur de ses ambitions?
Genre : Aventure, Réflexion
Durée de vie : 2,5h
Difficulté : Facile
Plateformes : Switch, Playstation, Xbox, PC
Développé par : Spiral Circus
Édité par : Mastertronic Group
Sortie : 01/06/2022
Une ambiance immersive
Directement propulsé aux commandes d’un plongeur, entravé dans les profondeurs marines, Silt m’a rapidement mis dans le bain. C’était une chose de voir les trailers, c’en est une autre de profiter de l’ambiance aquatique sur un écran OLED, le casque sur les oreilles. Tant la qualité des dessins que l’imagination de celui qui tenait le crayon m’ont émerveillé. Les décors, évocateurs au demeurant, fourmillent de détails; allumer la lampe de notre protagoniste offre un aperçu intriguant sur des arrières plans dont on ne peut que soupçonner l’ampleur.
Mais malgré ce plaisir pour les yeux, l’atmosphère de Silt n’en est pas moins anxiogène. Le choix du monochrome a teinté ma partie d’une angoisse sourde, parfois même palpable. La qualité du sound design n’est pas non plus étrangère à cette sensation. Le bruit des bulles et des courants marins, souvent seuls sons à l’oreille, m’ont rappelé à chaque instant que j’évoluait dans un environnement où il est impossible de respirer. Non que ça fasse partie des mécaniques du jeu, mais j’ai instinctivement pris conscience de l’omniprésence du danger.
En eaux troubles
Le propos de Silt, libre à interprétation puisque dénué de tout texte, vient sublimer cette direction artistique puissante. À moins que ce ne soit l’inverse. Contrairement aux jeux dont il s’est inspiré, le message est ici volontairement bien plus vague. Si j’y ai vu une analogie de la procréation, de par son imagerie et ses différents évènements, d’autres y verront sans doute autre chose.
Tout ce que j’ai pu regretter de ce point de vue, c’est la trop courte durée du jeu. J’aurais aimé que le jeu prenne le temps de me donner plus de clés de lecture, des indices sur ce qui torture l’esprit des créateurs au point d’en avoir fait ce jeu.
Un gameplay qui surnage
Mais comme je vous parle avant tout d’un jeu vidéo, il faut bien aborder son point faible : le gameplay. D’un point de vue très mer à mer, Silt se résume à résoudre des puzzles environnementaux, et ce d’écran en écran. La résolution de ces énigmes se fait grâce à la capacité qu’a notre plongeur de projeter son âme dans le corps des créatures aquatiques afin d’en prendre le contrôle. C’est plutôt amusant dans un premier temps, mais ça devient vite machinal quand on se rend compte que la solution est toujours de prendre possession de la bestiole la plus proche pour utiliser sa capacité.
Si ce sentiment de routine nous permet de passer plus de temps à apprécier la direction artistique et à se questionner sur l’univers du jeu, ça n’en reste pas moins fastidieux. Et ce n’est pas aidé par la lenteur et la molesse du protagoniste, rendant les quelques rares tableaux réutilisés particulièrement pénibles.
Conclusion
Silt ne brille certes pas par son gameplay, mais heureusement pour nous, ça n’empêche en rien ses qualités de briller. Le jeu est d’une rare beauté, sombre et angoissante, magnifiée par un sound design impressionnant de réalisme. L’histoire et les symboliques sont libres à interprétation, et rien ne nous empêche d’y voir ce qu’on a envie d’y voir. Ce flou artistique, presque poétique, est ce qui m’a demandé le plus de temps à digérer. Mais aujourd’hui je peux affirmer que j’ai aimé le temps, trop court, passé sur ce jeu.
Silt est indéniablement une œuvre troublante.